Kaya sthairyam, l’art d’immobilité

Quel est le point de départ de la méditation qui peut conduire au jnana yoga (une forme de yoga de la non dualité)?

La première étape dans le processus de méditation est la stabilité physique. Et c’est la raison pour laquelle, selon certaines traditions, la première pratique de méditation enseignée est le kaya sthairyam.

Beaucoup se disent : « Moi, ce que je veux, c’est méditer, je ne suis pas intéressé par une pratique pour devenir calme et immobile. » Ces personnes omettent un point important : la concentration ne peut être obtenue sans apaiser les sens, et les sens ne sont pas mentaux, mais physiques. Par conséquent, le kaya sthairyam, l’immobilité du corps, l’immobilité des entrées et sorties sensorielles, est la première étape de la méditation.

Même si vous pouvez physiquement rester assis tranquillement pendant cinq ou dix minutes, la nature des sens est telle que des perturbations vont s’élever, et cela malgré l’apparente immobilité et l’état de silence. Vous serez dérangé. Je n’ai rencontré personne capable de s’isoler des fluctuations du mental. L’anxiété, la frustration, la culpabilité et les désirs ébranlent le mental, le distraient, ruinent sa tranquillité, brisent toute harmonie. Personne n’y échappe. Tout le monde est en proie à l’anxiété, à la peur, à la frustration, à la dépression ou à l’exaltation. Et ce constat ne signifie qu’une chose : personne n’a atteint la perfection de kaya sthairyam.

Parce que le terme kaya sthairyam peut être traduit par « immobilité du corps », certains pensent que s’ils restent assis, ils pratiquent kaya sthairyam. Ce n’est pas le cas, vous ne perfectionnez pas le kaya sthairyam en restant simplement assis. En réalité, c’est le calme et l’immobilité des sens qu’il faut rechercher et atteindre. Le mental attaché aux sens se déplace continuellement en recherche de satisfactions et il s’identifie aux objets sensoriels. C’est cette envie et ce besoin qui doivent être immobilisé. Par conséquent, la première étape de la méditation consiste à apaiser les sens et à minimiser leurs interactions avec les objets sensoriels. C’est çà qu’on appelle véritablement kaya sthairyam.

Traduction libre d’un extrait de “Stages of Jnana Yoga » de Swami Niranjananda Saraswati, dans lequel il explique que la méditation doit être vue comme un processus graduel, d’étape en étape, dont la première est kaya sthairyam.


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