ॐ et les états de conscience (secrets et significations)

Une des interprétations classiques du graphisme du ॐ (OM en devanagari) offre un enseignement en lien avec les différents états que traverse la conscience.

Nous sommes coutumiers de trois de ces états, que sont : la conscience ordinaire (état de veille), le rêve et le sommeil profond.

Cet article est une retranscription d’un enseignement oral de Yoga Ekongkar / Jean-Pierre Vanderydt – Formation professeur de Yoga – Promotion 2024).

Dans chacun de ces 3 états, l’individu est dans l’ignorance de sa Véritable Nature. Durant l’état de veille (certainement celui dans lequel vous êtes, vous lecteur en ce moment), l’individu s’identifie à son corps, à sa forme et à 1000 autres choses. Durant l’état de sommeil avec rêves, il s’identifie à des impressions et des images mentales qui sont le résultat des mémoires accumulées au cours de l’état de veille, tandis que dans l’état de sommeil profond, il est tout bonnement absent.


Sur l’illustration du ॐ ci-jointe, Voyez les 3 boucles qui figurent ces 3 états de conscience. Etats que l’on associe également au 3 sons qui se manifestent de manière distincte lorsqu’il est vocalisé: AUM

🔸 A = état de veille (Vaishvanara / Jagrat)
🔸 OU = état de rêve (Taijasa / Svapna)
🔸 M = état de sommeil profond (Prajna / Sushupti)

Lire également: Secrets et significations du Om – ॐ

Continuons… Les traditions nous parlent d’un 4ème état qu’il faudrait, dit-on, trouver, conquérir, exlorer… par la méditation, par la bhakti, l’ascèse ou que sais-je. Sur la représentation du ॐ, cet état, appelé Turiya (que l’on se risque à qualifier comme: état de silence) est représenté par le bindu, ce petit point qui est au sommet de la figure.

Et effectivement, suivant cette lecture du ॐ, on pourrait penser que l’élévation et l’accès au bindu est empêché, masqué, par Maya, la nature illusoire du monde (voyez à nouveau l’illustration). En raison de la perpétuation de l’illusion de la dualité dans l’univers phénoménal, l’état de Turiya ne pourrait pas être expérimenté.

Apportons cependant une nuance de taille à cette interprétation en nous appuyant sur, entre autre, les enseignements de Ramana Maharshi qui nous conseille de ne pas séparer et isoler Turiya des autres états (veille, rêves et sommeil profond). Turiya ne doit pas être considéré comme un 4ème état qui s’ajouterait aux autres, il forme en réalité le substrat de tout ce qui existe. Turiya est la seule Vérité, il est l’Être même.

Ce sont les 3 autres états qui apparaissent sur Turiya en tant que phénomènes éphémères. Les états de veille, rêves et sommeil profond sont éphémères, et pour preuve puisque quotidiennement on passe de l’un à l’autre. Ces 3 états sont irréel, Turiya pour sa part est réel.

Prenons l’exemple d’un film que l’on va visionner au cinéma. Les images de ce film ne sont que des projections qui défilent sur l’écran, à l’évidence elles sont éphémères. Tandis que l’écran, lui il demeure. L’écran est Turiya, les images sont les projections des états de veille, rêves et sommeil profond.

Comprenez, si dans ce film on a une scène d’inondation, de déluge… l’écran, il n’en est pas mouillé pour autant. De même, s’il s’agit d’un feu de forêt, l’écran n’est pas brûlé. Si le tragique débouche sur un meurtre à la Kalachnikov, l’écran ne sera nullement taché de sang!

L’écran, Turiya, est immuable. Les phénomènes du monde, extérieur et intérieur, sont pour leur part passagers, ils se superposent à la Véritable Nature de l’Être. Turiya est immuable, vous ne pouvez ni le perdre ni l’acquérir. Turiya est « qui Je suis en réalité ». Nous pensons que quelque chose nous cache cette réalité et que cela doit être détruit ou dépassé pour pouvoir l’atteindre. Non, non! Turiya n’est pas quelque chose à atteindre. Nous sommes et avons toujours été Turiya. Le désir de le « devenir » provient de notre sentiment d’être incomplet.

Turyia est parfois considéré comme l’espace vaste d’un lieu. Et l’allégorie souligne que pour faire de la place quelque part, il suffit d’enlever ce qui encombre. La place, l’espace ainsi dégagé, n’a pas été ajouté, n’a pas été crée. Mieux encore, la place existait déjà même quand le lieu était encombré. En ce sens, la Nature Véritable de l’Être est espace, est silence.

La Nature Véritable de l’Être, n’est donc jamais ni mouillée, ni brulée, ni ensanglantée. C’est seulement notre habitude de considérer les événements de la vie, les mouvements du mental, les affections du corps, comme réels qui fait que « notre » Être Véritable est caché au profit des phénomènes du monde qui sont projetés en avant. On ne voit plus la toile et on demeure dans l’ignorance. Voilà ce qu’est Maya, l’illusion.

Si on revient au fil initial de ce propos, considérons qu’il n’y a pas un état particulier (Turiya) a chercher, à explorer, à conquérir, à gagner… dans lequel on entrerait (comme on entre et on sort de l’état de rêve, chaque nuit). Non, cet état est éternellement présent. Et lorsqu’on réalise cette présence… Alors, dit-on, toutes les illusions tombent naturellement.

Enfin, lorsque le ॐ est chanté, en particulier lorsqu’on prend le soin de produire les trois sons (A-OU-M), de manière distincte, amenons la compréhension de cette référence aux 3 états de conscience commun ainsi que de ce 4ème, Turiya, qui accueille ou transcende les 3 premiers.

🔸 A = état de veille
🔸 OU = état de rêve
🔸 M = état de sommeil profond
🔹 Silence = état de conscience qui sous-tend et qui transcende les trois états de la conscience commune. 

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