Ne plus jamais avoir soif – Jésus et la Samaritaine (7)

Anselmi-Christ and Woman of SamariaDans la continuité de notre exploration du récit de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, nous nous penchons maintenant sur la promesse de Jésus de nous donner accès à une source jaillissante (sommaire des chapitres).

Cette promesse nous invite à réfléchir sur notre propre soif et sur la manière dont nous pouvons accueillir cette vérité vivante dans notre vie quotidienne.

L’épisode de Jésus et la Samaritaine se trouve dans l’Évangile selon Jean, chapitre 4, versets 1 à 42 (à lire ou écouter)

Jésus dit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

Cette métaphore de l’eau vive illustre une vérité éprouvée : rien de matériel – que ce soit de l’ordre de l’avoir, du savoir ou du pouvoir – ne peut véritablement étancher notre soif spirituelle. Jésus promet que son enseignement deviendra une source intarissable de vie éternelle.

Cependant, dans ce récit, c’est Jésus, la source d’eau vive, qui le premier, et paradoxalement, demande à boire à la Samaritaine. Cette inversion des rôles est profondément significative. Il se présente d’abord comme celui qui a soif. Cette demande initiale de Jésus nous rappelle que la vérité spirituelle, bien que déjà présente en nous, cherche activement à être reconnue et embrassée.

C’est comme si la source d’eau vive elle-même sollicitait notre attention, nous invitant à nous y abreuver. Cette approche de Jésus illustre que l’éveil n’est pas un processus à sens unique, mais une rencontre, un dialogue où le divin prend l’initiative de nous interpeller, nous invitant à reconnaître et à accueillir la vérité qui réside déjà au cœur de l’être.

Comme le dit le maître zen Dogen : « L’éveil est déjà là, c’est nous qui sommes absents. »

Tout comme la lumière est là, mais nécessite que nos yeux s’ouvrent pour être perçue. De même, l’amour est là, mais c’est un cœur pour l’accueillir et le ressentir qu’il faut développer. Quant à la vérité elle-même, elle ne nous fait jamais défaut, mais sa compréhension dépend de notre capacité à développer une intelligence qui la cherche activement, l’écoute attentivement et la contemple avec patience.

Ainsi, notre croissance ne consiste pas tant à acquérir quelque chose de nouveau qu’à affiner notre capacité à percevoir, ressentir et comprendre ce qui est déjà là, attendant d’être découvert. C’est un processus de dévoilement plutôt que d’acquisition, de reconnaissance plutôt que d’accumulation.

Le philosophe indien Jiddu Krishnamurti disait : « La vérité est un pays sans chemin. On ne peut l’atteindre par aucune route, aucune religion, aucune secte. »

Ce que Jésus promet ici n’est pas un simple soulagement temporaire, mais la source même du bonheur, de la vie et de la paix. C’est une promesse d’une transformation profonde et durable. Cette transformation ne se limite pas à un changement superficiel de comportement ou de pensée, mais touche à notre façon d’être au monde et de le percevoir.

Dans le bouddhisme tibétain, Chögyam Trungpa Rinpoché parle de « découvrir le trésor de la bonté fondamentale » inhérent à chaque être.

Cette idée de transformation profonde contraste fortement avec notre tendance à rechercher des solutions rapides et superficielles à nos problèmes. Elle nous invite à un engagement total dans notre quête, plutôt qu’à une approche fragmentaire ou opportuniste. Elle nous appelle à une révolution intérieure plutôt qu’à une simple réforme de surface.

Cependant, comme la Samaritaine qui comprend mal et pense à une source d’eau physique, nous avons souvent du mal à saisir la profondeur de cette promesse. Nous nous attachons aux bénéfices secondaires des pratiques spirituelles, comme lorsqu’on s’engage dans le Yoga pour ses bienfaits physiques ou psychologiques – perdre du poids, gagner en souplesse, réduire le stress, résoudre des problèmes hormonaux, devenir plus patient ou plus aimant.

La tendance à ramener les vérités spirituelles à des bénéfices tangibles témoigne de notre inconfort face à l’ineffable, nous poussant à ancrer l’inconnu dans le familier. Cette tendance reflète notre peur de l’inconnu et notre attachement au confort du connu, même si ce connu est limité et insatisfaisant.

Le sage hindou Ramana Maharshi disait : « Votre propre Soi-réalisation est la plus grande aide que vous puissiez apporter au monde. » Cette déclaration souligne l’importance de comprendre et de rechercher une transformation profonde car la quête, loin d’être un acte égoïste, a des répercussions bien au-delà de notre expérience individuelle.

En nous transformant nous-mêmes, nous transformons notre relation au monde et aux autres.

Comme le dit le Tao Te Ching : « Le Tao dont on peut parler n’est pas le Tao éternel. » De même, l’eau vive dont parle Jésus dépasse notre compréhension ordinaire et nous invite à une expérience directe de la réalité.

Cette invitation à l’expérience directe est un appel à transcender nos concepts, nos idées préconçues et nos attentes. C’est une invitation à plonger dans le mystère de l’existence avec ouverture, humilité et courage.

Jésus et la Samaritaine – Revenez au sommaire des chapitres

(Source de l’illustration: Michelangelo Anselmi (1492–1556) – Christ and the Woman of Samaria, Public domain, via Wikimedia Commons, Attribution not legally required – www.commons.wikimedia.org)

Les commentaires sont clos.