Après plusieurs lectures et visionnages sur l’urinothérapie, je suis resté avec un sentiment d’insatisfaction. Non que les contenus soient dénués d’intérêt, mais ils laissent souvent en suspens ce que je cherchais : une explication claire, cohérente, enracinée dans une forme de logique physiologique. À la place, j’ai trouvé surtout des récits enthousiastes, des expériences personnelles, parfois touchantes, mais rarement accompagnées d’un fil conducteur compréhensible. Peu de liens entre les idées, peu de fond scientifique ou symbolique vraiment construit.
Et pourtant, je continue. Non par foi aveugle, mais parce qu’une seule explication, simple et plausible, me semble éclairer le sens de ce geste. C’est elle qui m’ancre dans cette démarche aujourd’hui, c’est elle que j’aimerais partager ici. Non comme une vérité à défendre, mais comme un repère, une manière d’ouvrir un espace de réflexion autour d’un acte souvent marginalisé, mal compris.
Une image du corps en mouvement
On pense souvent que l’urine est un simple déchet. Et c’est vrai : elle contient des éléments dont le corps cherche à se libérer. Mais ce n’est pas toute l’histoire. L’urine est aussi une photographie dynamique du métabolisme, un reflet sensible de ce que le corps produit, transforme, régule, et choisit (à un moment donné) de laisser partir.
Elle contient donc des déchets, bien sûr, mais aussi des substances actives : des hormones, des enzymes, des fragments de signaux chimiques, parfois simplement présents en excès ou devenus momentanément inutiles. Ces éléments, loin d’être toujours « toxiques », sont avant tout des messagers. Ils racontent une histoire. Ils portent une information.
En ce sens, le corps n’excrète pas ce qu’il rejette absolument, mais ce dont il n’a pas besoin sur l’instant. Et cette nuance est précieuse.
Une boucle de rétro-information naturelle
Dans les systèmes vivants, il existe un principe fondamental : l’autorégulation par rétrocontrôle. Lorsqu’un signal devient trop fort, il peut déclencher une réponse inverse, une forme d’ajustement. C’est un principe que l’on retrouve partout dans le vivant.
En immunologie, par exemple, une forte réponse inflammatoire s’accompagne souvent d’une production secondaire de médiateurs anti-inflammatoires, pour éviter l’emballement. En endocrinologie, l’excès d’une hormone circulante va freiner la production de son signal de stimulation, comme dans le cas des hormones thyroïdiennes. Même dans la régulation de la température corporelle, un excès de chaleur induit un ensemble de réactions inverses destinées à rétablir l’équilibre.
Dans ce contexte, boire une petite quantité de son urine revient à réintroduire dans le système un signal qu’il a lui-même produit, à faible dose. Ce geste pourrait donc agir, non pas comme un apport thérapeutique classique, mais comme un signal de retour, une manière pour le corps de « relire » ses propres données, et peut-être d’ajuster certaines régulations.
Une écoute de soi, à travers soi
Si l’on sort de la logique de remède ou de miracle, l’urinothérapie devient autre chose : un feedback intérieur. Un dialogue subtil entre le corps et lui-même, dans lequel il ne s’agit pas de guérir, de purifier ou d’améliorer, mais simplement de se reconnecter à ses propres équilibres. De tendre l’oreille à ce que le corps exprime déjà, sous une forme biologique.
On pourrait dire que boire son urine, en petite quantité et de manière consciente, revient à renvoyer au système une image de son propre état. Non pas un acte médical, mais un geste de résonance. Une manière d’être à l’écoute.
Pourquoi je poursuis
C’est dans cette idée, dans cette seule idée, que je trouve aujourd’hui une cohérence. Elle ne promet rien, ne garantit rien. Elle ne contredit pas la science, ni ne cherche à s’y substituer. Elle s’appuie simplement sur ce que nous savons déjà du vivant : que les signaux s’autorégulent, que le corps lit ce qu’il produit, et qu’il peut s’adapter à l’information qu’il reçoit de lui-même.
Je n’ai trouvé, pour l’instant, aucun autre argument convaincant. Je ne cherche pas à me convaincre autrement. Cette seule hypothèse me suffit pour pratiquer avec simplicité, sans attente, sans idéalisation. Avec la curiosité de celui qui expérimente à l’écoute de son propre corps.
Source photos: Shelby Bauman et Gabriel Mihalcea sur Unsplash