Kundalini Yoga: en route vers de nouveaux horizons

Depuis quelques années, l’Ecole Yoga Ekongkar (Association Ekongkar) propose des cours et des stages de différents Yogas, dont le Kundalini Yoga, ainsi que des formations au Massage de tradition indienne.

Le Kundalini Yoga que nous enseignons était présenté comme une pratique d’éveil de la conscience et du potentiel créatif. C’est un yoga complet et structuré, constitué de postures corporelles, d’exercices respiratoires, de méditation et de chants sacrés. Et au-delà de la pratique formelle, le Kundalini Yoga est aussi un style de vie, l’ensemble ayant pour vocation d’aider le pratiquant à cheminer au mieux en cette époque identifiée comme mouvementée que l’astrologie met en lien avec le moment de transition qui fait passer l’humanité de l’ère des Poissons à l’ère du Verseau.

Ce Yoga a été construit et diffusé en Occident par Harbhajan Singh Puri (1929–2004), connu sous le nom populaire de Yogi Bhajan.

Dans les tous premiers temps, ce Yoga s’appuyait partiellement sur des pratiques que Yogi Bhajan avait acquises, non sans les réécrire, auprès de deux figures principales qu’il avait fréquentés: un enseignant de Hatha Yoga, Swami Dhirendra Brahmachari (1924–1994) et Maharaj Virsa Singh (1934–2007), considéré comme un saint homme dans la communauté sikh.

Le Kundalini Yoga se revendique d’un héritage plus vaste et ancien. Il s’avère cependant que ce patrimoine n’a rien de spécifique et que pour l’essentiel il a été construit, inventé, et est le fruit de l’inspiration propre à Yogi Bhajan (singulière et contemporaine) afin d’assurer les intérêts de la communauté qui se développait et les besoins des pratiquants auxquels il a transmis ces outils, il y a environ 50 ans.

Suite à la publication du livre Premka: White Bird in a Golden Cage – My Life with Yogi Bhajan (février 2020), écrit par une étudiante proche de Bhajan et, dans la foulée, l’émergence de centaines de témoignages crédibles et cohérents, il semble justifié d’envisager que, parmi les accusations les plus choquantes, Bhajan ait été un prédateur ayant abusé de certaines femmes et enfants de son entourage.

Une enquête est menée, mais sans en attendre la conclusion, il nous tient à coeur d’accorder du crédit aux témoignages de ceux qui ont souffert à cette époque et ceux qui souffrent aujourd’hui, ainsi qu’à ceux qui corroborent ces informations, et sommes dans la désolation à l’écoute de tous ceux qui, ébranlés, demeurent évasifs ou dans le déni.

Ces révélations sont une occasion d’examiner la manière et les moyens par lesquels nous établissons un lien avec le maître, avec les enseignements et la communauté des pratiquants. Des pistes de réflexions ont déjà été exprimées dans une vidéo que vous trouverez en fin de page.

Au-delà de ces premières réflexions, l’Ecole de Yoga Ekongkar a décidé d’aller plus loin et d’entamer la recherche d’une nouvelle voie sans Bhajan (Kundalini Yoga – Bhajan free).

Certains élèves venant aux cours et aux stages que nous proposons n’ont jamais entendu parler de Bhajan. L’expérience des exercices et des méditations proposés en a-t-elle été différente? Non! Il ne fait aucun doute qu’une part de ce Yoga, ces outils, cette technologie ont profité à de nombreuses personnes, que Bhajan soit ou non dans l’équation.

Pour notre part, l’éloignement d’avec la personne et les enseignements de Bhajan n’est pas récent, il s’est installé progressivement au fil du temps, en raison d’un scepticisme par principe, avant même que n’émergent les graves accusations récentes. Cette défiances étaient fondées sur le manque d’honorabilité et de crédibilité du personnage et l’extravagance des histoires qui l’entourent. 

Dans notre Ecole, les références à Bhajan ont toujours été rares et anecdotiques, il n’y a jamais eu de représentation de sa personne dans nos locaux, le manuel de formation « Aquarian Teacher » n’était plus ouvert depuis des années et seul un petit corpus de pratiques choisies avec soin était enseigné. Donc concrètement, les pratiquants qui fréquentent l’Ecole Yoga Ekongkar ne verront tout simplement pas de différence.

Les liens et affiliations que nous avions initialement avec les Institutions du Kundalini Yoga selon Yogi Bhajan s’étaient également progressivement estompés pour, au final, ne plus être réactivés, depuis 2 ou 3 ans. Ainsi, l’Ecole de Yoga Ekongkar n’est plus en lien avec La Fondation 3HO, IKYTA (International Kundalini Yoga Teachers Association) représentée en France par la FFKY (Fédération Française de Kundalini Yoga) ou le KRI (Kundalini Research Institute).

Suite aux événements récents, certains ont cessé de pratiquer ou d’enseigner, brûlant symboliquement les représentations de Bhajan, les manuels de pratique et les certificats qu’ils ont reçus. Ce sont des gestes que nous comprenons et qui ne manquent pas de probité.

Nous avons l’espoir qu’il est cependant possible de maintenir une part de ce matériel tout en l’assainissant de la figuré délétère de Bhajan. Voilà notre défi. Nous travaillerons au sein de notre Ecole à donner un look nouveau à ce Yoga, en maintenant et transmettant ce qui nous apparaît digne d’intérêt et en abandonnant le reste. Dès à présent, nous nous offrons également la liberté de confronter le Kundalini Yoga à d’autres Yogas, d’autres traditions, d’autres enseignements dont nous avons acquis l’expertise, modelant et révisant le premier à la lumière des richesses des seconds.

Nous continuons malgré tout à appeler « Kundalini Yoga » les pratiques que nous enseignons, une appellation par principe qui va certainement perdre progressivement sa saveur initiale et sera probablement révisée plus tard, comme tout se qui change et finit par être rebaptisé.

Comme vous le constatez, nous sommes en route vers de nouveaux horizons, convaincus que ces moments sombres seront des opportunités de libération et que la confiance envers la pratique qui s’ensuivra sera mieux assurée. Satnam.

3 mars 2020
Jean Pierre Vanderydt pour l’Ecole de Yoga Ekongkar

(le nom spirituel « Raj Inder Singh » est abandonné)

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