La méditation dans l’ancien Tibet

Les six yogas de Naropa constituent certainement avec la doctrine du Mahamudra, le plus grand trésor du bouddhisme tibétain. Ils synthétisent toutes les pratiques du Vajrayana, le Véhicule de diamant.

Ce sont ces yogas que pratiqua le grand yogi Milarépa. Ils lui permettaient de demeurer l’hiver, sans ressentir le froid, dans les grottes et les ermitages de haute montagne où il méditait, vêtu d’une simple robe de coton.

Ces yogas rendent libre. Ils donnent, non seulement la liberté intérieure, mais aussi celle du corps, en permettant de ne plus ressentir le froid, de se nourrir de la «Pierre de Sagesse», d’avoir pour compagnes, les «fées des montagnes», ainsi que l’indique Milarépa dans ses chants. Et cette liberté est essentielle pour notre grand poète-yogi. Elle lui permettait d’errer librement sur les sommets du pays des neiges en se consacrant à la quête spirituelle, à la pratique de la méditation.

Encore récemment, les pentes de certains lieux de l’Himalaya étaient parsemées de petits ermitages habités par des ascètes. D’après des témoignages, ces ermites appelés néldjorpa, (de néldjor, yoga en tibétain), étaient très nombreux dans les vallées autour de Latchi, là où avait vécu Milarépa. Ils habitaient des grottes ou des cabanes qui faisaient face aux sommets blancs, en se nourrissant de quelques graines par jour.

Encore aujourd’hui, ces ascètes sont nombreux au Bhoutan, comme le raconte Dilgo Kyentsé Rinpotché: «Chaque colline porte son petit temple entouré de drapeaux de prières qui claquent au vent […] Montagnes et forêts sont parsemées d’ermitages où des gens se consacrent à la méditation, ne descendant qu’une fois par an dans les vallées, pendant la moisson, pour recevoir des aumônes. Chaque ferme leur donne une mesure de riz et des légumes séchés, et en un mois ils en reçoivent suffisamment pour passer le reste de l’année en retraite solitaire.»

Ainsi, le Bhoutan comme l’ancien Tibet étaient des sociétés centrées sur le spirituel. C’est-à-dire que le spirituel était la valeur suprême et les personnes que l’on admirait, n’étaient pas les vedettes de la télévision, mais les ascètes et les saints ermites.

Les chants de Milarépa étaient répandus dans toutes les couches de la population. Non seulement chez les moines Kagyupa, mais aussi chez les laïcs. Des bardes errants passaient de village en village pour les réciter. Beaucoup de paysans pieux en connaissaient des passages par coeur. De même, Coomaraswamy raconte que les paysans analphabètes de son enfance, au Shri-Lanka, connaissaient des épopées entières. (Extrait de Les six yogas de Naropa: Les pratiques secrètes du bouddhisme tibétain de Takpo Tashi Namgyal)

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