La croissance de l’arbre d’Homme (עֵץ)

Parmi les nombreux symboles de la colonne vertébrale, l’arbre et l’échelle se rencontrent dans les différentes traditions, ainsi que le serpent. Images archétypielles d’une très grande force qui doivent parler plus que jamais à l’humanité d’aujourd’hui, elles expriment un potentiel, une capacité d’enfantement.

Selon la tradition hébraïque, l’arbre est planté en Eden. Or Eden est en hébreu la « jouissance ». Et qu’est-ce que la jouissance, sinon un état né d’une rencontre, état dans lequel on fait l’expérience d’un passage à une autre réalité, symbolisée par l’ivresse.

En hébreu, voici les deux lettres qui expriment l’arbre: la première est la gutturale Aïn, et la deuxième le Tsadé, deux lettres qu’ont perdues nos alphabets occidentaux. Alors, est-ce pur hasard si nous ne savons plus ce qu’est l’arbre? Si nous coupons nos arbres à l’extérieur et ne faisons pas vivre notre arbre à l’intérieur?

La lettre Aïn signifie « la Source » elle désigne l’arbre à sa source, dans ses racines profondes, ou plus exactement dans sa semence. La même lettre exprime l’oeil. Pour Tsadé, qui signifie « le harpon », l’idéogramme primitif est en effet un harpon, ou encore un hameçon, qui tire le poisson ; cela signifie que dans les eaux d’en-bas, qui sont à l’intérieur de l’homme, dans le « royaume », gisent toutes les énergies que nous sommes appelés à tirer. Elles se trouvent en attente d’être accomplies pour pouvoir construire l’arbre, depuis son germe, jusque dans les hauteurs, dans sa frondaison et ses fleurs, ses feuilles et son fruit, ce fruit de l’Arbre de la Connaissance, que nous sommes appelés à devenir nous-mêmes. Appelé par en-haut, l’arbre ramasse les sucs de la terre et toute leur information et en même temps, selon sa semence, selon sa qualité, il produira un certain fruit. Or la semence pour l’homme-arbre est le Saint-Nom, celui que les Hébreux ne prononcent jamais, dont les lettres Yod-Hé-Waw-Hé, forment le présent du verbe Etre, un présent qui n’est jamais utilisé autrement. Ce « Je suis », fondement de tout le créé, habite chacun et se trouve caché dans le secret de Aïn, la source, c’est-à-dire dans les profondeurs de l’Etre. C’est lui qui contient toute l’information de l’Arbre, sa programmation pour une croissance qui fera de lui un « arbre d’Homme ».

Refuser d’écouter cette programmation du « Je suis » qui nous habite, c’est rester sous terre, ne pas faire la percée à la lumière: la plupart des hommes n’ont pas été beaucoup plus loin aujourd’hui parce qu’ils n’ont pas conscience encore de la beauté de leur être et qu’ils se sont laissés intimider par les valeurs du « sous-terre ».

(Extrait d’un texte très riche d’Annick de Souzenelle titré: Symbolisme de la colonne vertébrale et équilibre, publié dans le n°4 / Janvier 2009 de la Revue Française de Yoga : Equilibres sur les pieds) – Photo by veeterzy & Jon Moore

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