Vers la fin du second chapitre des Yoga Sutrâ de Patanjali, apparaît l’une des plus célèbres polarités et l’une des plus souvent commentées par les enseignants de hatha yoga, car elle concerne la pratique de la posture.
« Sthira sukham âsana » : « La posture est fermeté et bien-être » (Y.S. II.48).
Sthira, adjectif qui signifie ferme, solide, calme. Il dérive de la racine-verbe sthâ, « se tenir debout », que l’on trouve dans de nombreux mots indo-européens pour indiquer la statique (en voici un…), la stabilité (en voici un autre), le pays où l’on est installé (en voici un troisième), par exemple Afghanistan. On le rapprochera de l’anglais to stand et de l’allemand stehen.
Sukha, substantif neutre qui signifie joie, bonheur. Il est lui-même formé d’un préfixe su, qui veut dire bon et d’un substantif kha qui désigne un vide, un espace, un creux, un moyeu. Sukha est donc « l’espace où l’on se trouve bien », par opposition à duhkha, « l’espace où l’on se sent mal », la souffrance.
D’où la très belle traduction de ce sutrâ par Gérard Blitz, qui est aussi une des plus poétiques définitions de la posture vraiment vécue en état de yoga : « âsana : être fermement établi dans un espace heureux ».
(Extrait de Polarités et liberté de François Roux, publié dans le n°4 / Janvier 2009 de la Revue Française de Yoga : Equilibres sur les pieds).