[Vidéo] Le yoga à l’âge védique avant Patanjali

Les origines du yoga remontent à plus de 5000 ans. Les premières preuves de la pratique de postures de yoga proviennent d’un petit sceau daté de 2900 av. J-C découvert dans les ruines de la civilisation de la vallée de l’Indus, également connue sous le nom de civilisation de Saraswathi.

Ce sceau semble représenter un yogi en Mulabhandasana. Il s’agit du sceau « Pashupati » (Seigneur des Animaux) et la posture royale de la figure suggère que le yoga occupait une place primordiale à cette époque.


Cette courte vidéo (activez si besoin la fonction des sous titres en français) nous invite à voyagez à travers les époques pour redécouvrir les racines du yoga dans les textes anciens de l’Inde et à approfondir notre compréhension des principes fondamentaux qui continuent d’inspirer des millions de pratiquants de yoga à travers le monde.



Le mot yoga dérive de la racine « yuj », signifiant concentration ou union. Le yoga est un processus visant à établir une union entre votre réalité expérientielle et la réalité ultime de la Nature.

L’évolution du yoga peut être étudiée au cours de quatre périodes (sur cette page, notre regard se portera sur les 2 premières) :

  • Période préclassique du yoga (-4500 à -500 av.)
  • Période classique du yoga (-500 à + 800)
  • Période postclassique du yoga (+800 à +1700)
  • Yoga moderne (de +1700 à aujourd’hui)

Période préclassique : 4500 av. J.-C. – 500 av. J-C  – La quête de connaissance de l’Inde ancienne est bien connue. À travers diverses écritures, on peut observer la curiosité de l’Inde ancienne pour comprendre le sens réel de la vie. Ces textes de connaissance étaient classés en shruti et smriti. Shruti désigne ce qui est récité et chanté, et smriti fait référence à ce qui est mémorisé.

La tradition hindoue, sous sa forme la plus orthodoxe, classe en deux grandes catégories les textes religieux qu’elle tient pour normatifs : ceux qui relèvent de la Shruti (śruti) et ceux qui appartiennent à la Smriti (smṛti). Ce dernier terme, dont le sens premier est « mémoire », regroupe tous les textes que l’on regarde, certes, comme inspirés par la divinité mais qui restent contingents, dans la mesure où ils sont adaptés aux conditions particulières des temps que nous vivons ; la Shruti, au contraire, est le nom que l’on donne aux Écritures sacrées considérées comme éternelles, non humaines (a-pauruṣeya) et qui, de ce fait, ne peuvent être affectées en rien par les circonstances entourant leur « révélation » (Sources: Encyclopédie Universalis)


La Shruti

La Shruti se compose principalement des Vedas. Ils sont considérés comme apauruṣeya, ce qui signifie « non humain, sans auteur ». Cela signifie qu’ils n’ont pas été écrits par des hommes, ce sont des sons et des textes sacrés entendus par les anciens sages lors de profonds états méditatifs. Il y a quatre Vedas : Rig, Yajur, Sama et Atharva, et chaque Veda comporte quatre subdivisions : Samhita, Brahmana, Aranyaka et Upanishads.

La preuve que le yoga prévalait à l’époque védique se trouve dans ces textes. Le Rig Veda mentionne quelques versets connus sous le nom de Kesin Sukta dans lequel il est fait mention du contrôle de l’énergie pranique et des pouvoirs qui en découlent.

Le mot « yoga » dans sa forme actuelle est mentionné dans la Katha Upanishad qui s’appuie sur la métaphore du char soulignant l’interaction des sens, du corps, de l’esprit, de l’intellect et de l’âme: « Connais l’Atman comme le Seigneur du chariot, le corps comme le chariot ; connais l’intellect comme le cocher et l’esprit comme les rênes. » Bien que la chronologie de la Katha Upanishad soit incertaine, on estime qu’elle a été composée vers 500 av. J-C.

C’est également dans cette Upanishad que s’élaborent les grandes structures du Samkhya (les 25 Tattvas) que l’on retrouvera ensuite comme fondation de nombreuses écoles de yoga.  Dans cette historielle du char, on compare l’être humain à un attelage : la structure du char est comparée à notre corps ; le cocher du char est notre intelligence intuitive ; les rennes sont notre intelligence mentale ; les chevaux sont les organes des sens ; le passager du char est notre esprit ; les routes sont les différents objets des sens. (Katha Upanishad I,3,3). Une des grandes idées de cette Upanishad est de discipliner le corps et les sens par le mental, de laisser ce dernier obéir à l’intuition et mettre cette dernière au service du passager : l’esprit. Tôt ou tard, le passager a quand même envie d’arriver à destination et de quitter le chariot. Il n’est cependant pas pressé. Au cocher (notre intelligence la plus haute) de lui procurer un voyage confortable. Ce voyage organisé se retrouve naturellement dans une séance de yoga : renforcer et assouplir le corps, développer un mental fort et serein, puis laisser l’intuition communiquer avec l’esprit (source: Thierry Van Brabant, Les Upanishad, boite à trésor du Yoga – PDF)

La Svethashvatara Upanishad mentionne des asanas yogiques et décrit comment les pratiquer. Elle présente les bienfaits du yoga: notamment l’agilité, une meilleure santé, un visage clair, la douceur de la voix et une sensation de légèreté dans la personnalité. Elle mentionne également que le yoga conduit à la connaissance de soi. Ces Upanishads sont datées autour de 700 av. J-C.

Le Yoga Yajnavalkya est un ensemble de dialogues entre le sage Yajnavalkya et sa compagne Gargi. La date de ce texte est incertaine, mais certaines sources le situent aussi vers 800 av. J-C. C’est le sage Yajnavalkya qui le premier a proposer la subdivision du yoga en 8 membres du yoga, bien avant qu’elle ne soit ensuite popularisée par le sage Patanjali.


La smriti

Smriti signifie ce qui est mémorisé ou basé sur la mémoire. En d’autres termes, les smritis sont produites par l’intellect humain. Les smritis sont divisées en 6 catégories : Itihasa, dharmashastra, darshanas, Upaveda, Puranas, Agamas. Le yoga se trouve intégré à chacun de ces smritis.

Smriti – Itihasa

Vers 700 av. J-C, l’épopée du Ramayana composée par le sage Valmiki intègre des éléments de yoga. Le Yoga Vashistam, texte important de la même époque contient lui aussi des éléments de yoga, ainsi que de Vedanta, de Samkhya, de jaïnisme et de bouddhisme mahayana.

Vers 400 av. J-C, le Mahabharata du sage Vyasa détaille de nombreuses techniques yogiques. Et la Bhagavad-Gita, joyau du Mahabharata, donne une définition du yoga. La Bhagavad Gita mentionne en outre quatre formes de yoga: le Jnana yoga (yoga de la volonté et de l’intellect), le Bhakti yoga (yoga de la dévotion), le Karma yoga (yoga de l’action et du service désintéressé) et le Raja yoga (yoga de la méditation).

Smritis dharmashastras donnent des détails sur le yoga, en particulier dans les textes du Manusmriti,  Yajnavalkya Smriti et Harita Smriti.

Smiriti – Puranas – La Bhagavata Purana explique le Bhakti yoga. Le Linga Purana donne des détails sur Yama, Niyama et Pranayama. Le Vayu Purana fournit des détails sur Pratyahara, Dharana et Dhyana.

Smriti – Samkhya Darshana – Vers la fin de la période védique, vers 600 av. J-C, le Maharishi Kapila propaga la philosophie du Samkhya. On attribue au Maharishi Kapila la rédaction du Samkhya-sutra qui présente la philosophie dualiste du Samkhya, posant les fondements de la philosophie du yoga.

Smriti – Yoga Darshana – La période classique du yoga, de 500 av. J-C à 800 ap. J-C, est la plus importante pour le développement du yoga, car c’est à cette époque que les Yogas Sutras ont été élaborés et que de nombreuses écoles de philosophie ont prospéré en Inde ancienne. Vers 250 av. J-C, le Maharshi Patanjali a compilé et systématisé les connaissances védiques, la philosophie Samkhya, et a ordonné les techniques de yoga sous la forme de 195 sutras, qui sont considérés comme les fondements du yoga. Les Yogas Sutras analysent la neurologie de l’esprit et mettent l’accent sur le contrôle de l’esprit pour atteindre un état d’illumination.

Selon Patanjali, le yoga est « Chitta vritti nirodha », c’est-à-dire l’arrêt des modifications du chitta (l’esprit). Le chitta doit être contrôlé et concentré. Pour y parvenir, il a établi un chemin à huit voies, précédemment mis en avant par le sage Yajnavalkya. Les Yoga Sutras de Maharshi Patanjali ont inspiré de nombreux yogis. Après lui, une grande diversité de formes de yoga a commencé à s’épanouir sous la direction de nombreux maîtres réalisés.

Cette période est appelée le yoga post-classique et moderne. Voyez à ce propos les deux vidéos ci-dessous (activez si besoin la fonction des sous titres en français qui sont d’une bonne qualité)


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